Un volume très à part de la collection Discogonie, qui marque un double 10e anniversaire (celui de la collection et du disque) Music For Museum est le récit de la création de la toute première « musique originale de musée » créée par le groupe AIR à l’invitation du Palais des beaux-arts de Lille en 2014, et gravée sur vinyle en tirage limité.
« Pierre Lemarchand capte dans cet ouvrage toutes les subtilités, les nuances, jusqu’à la pochette de l’album. Très documenté, ce livre hommage participe à l’élévation au rang de « cultissime » ce huitième album d’Alain Bashung, vingt ans après sa sortie. Il ne donne envie que d’une chose, poser le saphir sur l’acétate édité pour la première fois en mai 2009, deux mois après sa mort. »
Cédric Rouquette – Magic
Des années Palace à la naissance de Bonnie ‘Prince’ Billy en 1998, Will Oldham aura changé autant de fois d’identité d’artiste qu’il aura signé d’albums. Difficile à pister dans ces conditions, il ne verra le suivre qu’un quarteron de fans, motivé par cette country dégagée de son folklore, et une écriture souvent hissée parmi les plus grands noms de la chanson américaine. Avec I See A Darkness, l’alias se fixe enfin, à l’occasion d’un album ténébreux et lumineux à la fois.
En 1982, paraît Nebraska de Bruce Springsteen. Enregistré à la maison, sur un coin de table, avec une guitare et un harmonica, ce qui ne devait être au départ qu’une maquette préparatoire à un album studio devient bientôt un de ses albums majeurs. Peut-être son plus grand disque ? Nebraska rompt avec l’univers électrisé des précédentes réalisations et contraste avec la rage rock de Born in the USA qui le révélera au très grand public deux ans plus tard.
Dans la discographie de Depeche Mode, Violator est l’album qui fait l’unanimité. Ce disque referme la décennie 80 avec son atmosphère sombre et électronique comme celui qui l’avait inaugurée : Closer de Joy Division.
« Fourmillant d’anecdotes, autopsiant avec une rare acuité ce disque en forme de manifeste sentimental, le livre de Pierre Lemarchand et Thierry Jourdain, publié dans la si belle collection DIscogonie aux éditions Densité, s’avère aussi précieux qu’indispensable. » Hugues Blineau, POP NEWS
Pour The No Comprendo, Catherine Ringer et Fred Chichin changent la dimension qui était la leur jusqu’au succès de Marcia Baïla. En travaillant une charpente rock-funk tirant vers des sons plus ronds, plus massifs aussi, mais sans tomber dans le piège de l’emphase pop.Une machine à danser intelligente, qui sait envelopper le funk d’atours un peu « crashés » et syncopés ; une boule d’énergie, fulgurante et chic à la fois où l’écriture soignée tient le premier rôle avec, en second degré, une dance-music agitant pieds, bassin et mollets pendant quatre minutes de pur plaisir.
Broken English (1979) constitue une renaissance et un tournant pour Marianne Faithfull, l’égérie britannique des années 1960. La voix abimée par des années d’excès pose une nouvelle atmosphère tournée vers la décennie des années 1980.
« Un ouvrage passionnant qui va aux sources du son de My Bloody Valentine et de la personnalité de Kevin Shields. Un must qui ravira tous les passionnés du genre et du groupe. Un livre court à dévorer sans modération. » Damien, Électrophone
Accaparé par l’écriture de son premier roman et quelques projets annexes, Nick Cave n’a pratiquement rien à proposer aux Bad Seeds lorsqu’il s’agit d’enregistrer leur cinquième album en 1987. II parvient pourtant à donner du sens à son désordre intérieur a travers la collection de dix chansons a priori hétérogènes qui paraissent l’année suivante. Enregistré dans huit studios a travers le monde, et malgré le chaos qui règne alors dans la vie du groupe, Tender Prey possède à la fois la beauté brute et animale de From Her to Eternity, l’esprit blues fantasmé de The First Born Is Dead, la maturité et la clarté de Kicking Against the Pricks, la poésie et la noirceur de Your Funeral… My Trial. L’album chéri des fans est la synthèse parfaite de son oeuvre passée et un écrin de choix pour l’hymne imparable qu’est » The Mercy Seat « , joué lors de chaque concert du groupe depuis trente ans.
Il aura fallu trois décennies à Five Leaves Left pour être redécouvert par un large public, suscitant un véritable phénomène de culte autour de Nick Drake disparu quatre ans après l’achèvement de cet album.
« In Utero » a souvent été réduit à une note testamentaire du leader de Nirvana, Kurt Cobain, qui exorcise une dernière fois ses démons sur le bûcher grunge avant de lui-même « brûler franchement plutôt que de s’éteindre à petit feu ». Ayant pour mission de recouvrer une virginité indé perdue avec le succès planétaire de « Smells Like Teen Spirit », cet album va pourtant bien au-delà d’une simple mise au point. Hostile et direct, il se déploie comme un fabuleux traité d’anatomie artistique où se croisent une irrépressible…
Dotée d’une aura, d’une présence scénique de derviche tourneur, Patti Smith libère une liturgie orale incendiaire de sa voix magnétique, ample, au timbre tour à tour rugueux, hypnotique, velouté.
OK Computer s’est imposé comme un des points culminants de la culture musicale des années 1990. C’est aussi l’album qui fait entrer Radiohead dans le cercle très restreint des musiciens dont on a souligné la capacité de réaliser la synthèse créative de leur époque, celui qui leur a permis d’accéder au statut enviable de groupe « exigeant » adulé par un large public. Avec ce groupe qui a fait de l’expérimentation sonore une de ses marques les plus distinctives, établir la discogonie de OK Computer c’est avant tout s’attarder sur la matière sonore non pas en tant que fin en soi mais dans la perspective d’une analyse des relations étroites qu’elle entretient avec le contenu musical et thématique du disque.
Lorsque leur premier album paraît en 1992, Rage Against the Machine s’est déjà fait remarquer sur scène aux États-Unis pour cette combinaison accomplie de deux genres musicaux en plein essor : le metal et le rap.
Avec Rock Bottom, Robert Wyatt se démarque des groupes dans lesquels il a officié comme batteur avant l’accident qui le laisse paralysé, Soft Machine ou Matching Mole. Il renoue avec la candeur des mélodies, mais fuit l’évidence avec malice.
L’année où Nevermind, Out of Time, Ten, Loveless, Blue Lines imposent leur tempo indé dans les charts, le label Touch and Go presse courageusement 4000 exemplaires du second album de Slint, un groupe de Louisville qui s’est déjà séparé. Spiderland va commencer silencieusement à essaimer, objet d’un culte toujours souterrain. Tour à tour sévère, intense, intime et menaçant, avec un goût prononcé pour les effets de rupture, l’album obsède depuis 1991 toute une génération de musiciens et passe le rock en mode « post ».
Dernier volet de la trilogie glacée, Pornography apparaît comme l’ultime étape d’un processus d’exploration des possibles. L’album est une sorte de « monument à la limite du pays fertile » (Paul Klee), brûlant les toutes dernières cartouches d’un homme, Robert Smith, qui n’aura d’autre solution après cela que la fuite.
« Il faudrait idéalement pouvoir écouter les Doors depuis la vie. Or, la fin est là dès le commencement et, leurré par ce jeu constant sur « The End », on envisage trop souvent les Doors depuis la mort de Jim Morrison, sans réellement saisir le profond vitalisme de cette musique. C’est particulièrement tentant pour ce qui est du dernier album, L.A. Woman (1971). D’emblée, le mythe de Morrison se torsade à la mort et empêche la vive écoute des Doors. Le souhait qui anime ce petit livre est de désencombrer ce groupe de sa légende pour tâcher de le rendre à la musique. »
Avec leurs mauvaises manières, leur façon à eux de faire revivre le folklore irlandais, The Pogues ont été des passeurs géniaux. Jouant le jeu de l’instrumentarium et des thèmes traditionnels, le groupe a écrit maintes chansons que beaucoup prennent pour des airs traditionnels irlandais. Mais les Pogues ont fait leurs classes au milieu des punks et leur gigue carbure à cette énergie-là, généreuse sur scène, mal contrôlée en dehors, avec son lot de frasques, de dentitions incomplètes et de substances trop faciles d’accès pour un groupe en vogue au milieu des années 1980.
Classique instantané, imperméable à l’air du temps et aux sons synthétiques de l’époque, unanimement acclamé par la critique à sa sortie en 1986, The Queen Is Dead est l’œuvre d’un groupe en état de grâce. Johnny Marr, déjà brillant et inspiré sur les opus précédents, élargit sa palette jangle-pop tandis que Morrissey y écrit ses textes les plus fondamentaux.