V/A
KIOSQUE D’ORPHEE: UNE EPOPEE DE L’AUTOPRODUCTION EN FRANCE 1973 / 1991
LP

27,90

Pendant longtemps, je tombais sur ces disques sans vraiment parvenir à comprendre ce qui les reliait, à part un macaron et ce fameux logo dessiné par René Dessirier. Puis, en fouillant un peu plus, j’ai découvert ce lien « l’auto-production ». Pour des chorales, des établissements scolaires, des chanteurs de folk, de jeunes groupes de pop, des foyers populaires et même de grands compositeurs qui gravaient des copies uniques de certaines sessions d’enregistrement…

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Description

Pendant français du « Derby Service » anglais, le Kiosque d’Orphée, anciennement au 7 Rue Grégoire de Tours dans le 6ème arrondissement, est repris par Georges Batard à partir de 1967 et déménage au 20 Rue des Tournelles dans le 4ème arrondissement de Paris. L’aventure durera jusqu’en 1991. Georges Batard était un ingénieur du son qui avait un graveur Neumann a lampes, pour graver les acétates à partir des bandes qu’il recevait, avant d’en tirer les précieux vinyles, dans les usines de presse de l’époque, où il avait la possibilité de faire de tous petits tirages, entre 50 et 500 exemplaires.

Il y avait évidemment d’autres structures qui permettaient de sortir ses disques comme Voxigrave ou plus tardivement FLVM, mais aucune n’avait autant de disques à son catalogue. Le Kiosque d’Orphée n’était ni un label ni un éditeur, mais une structure qui vous permettait de presser vos propres vinyles, à une époque où c’était toute une aventure que de faire paraître son premier 45 tours ou son album 33 tours !

Georges Batard était décrit comme quelqu’un de passionné et de très consciencieux. A son propos, son fils, le bassiste Didier Batard, écrivait :

« Georges était passionné par l’enregistrement et la reproduction sonore stéréo de sa grande passion, la musique. Il portait une grande attention aux taux de distorsion, aux rapports signal/bruit, aux courbes de réponse, aux temps de montée, et autres facteurs d’amortissement du matériel audio. Il cherchait la reproduction exact du son des salles de concert dans son salon. (avec le même niveau sonore, si possible…). A la fin des années 50 / début des années 60, il avait trouvé d’autres passionnés du son au sein de l’AFDERS (Association Française pour le Développement de l’Enregistrement et de la Reproduction Sonores). Il en était devenu le président d’honneur. Tous les samedi après-midi, ses membres se réunissaient pour tester du matériel audio. Leurs avis étaient publiés dans le mensuel la Revue du Son. »

Vous n’aviez qu’à envoyer vos bandes et à choisir le nombre d’exemplaires de disques avec lesquels vous repartiriez sous le bras, pour pouvoir enfin partager vos créations et, d’une certaine manière, exister. Vous pouviez opter pour une pochette générique, déclinée en plusieurs couleurs, directement personnalisable avec votre nom et les crédits, ou vous pouviez concevoir vous-même votre pochette rêvée dans votre salon ou chez un imprimeur.

Ce Temple du « Do It Yourself » donna naissance à de superbes pochettes. Réalisées au pochoir, écrites à la main, illustrées avec des peintures, des dessins, des illustrations d’amis ou de petites amies de l’époque, des tirages photos collées hâtivement au milieu d’une pochette vierge et blanche, sur laquelle les traces du temps viendraient laisser leurs empreintes pour que des collectioneurs et autres curieux viennent les acheter des décennies après, avec la promesse d’une découverte musicale, malheureusement pas toujours exaucée…

Le point commun de la plupart de ces disques est la jeunesse de leurs auteurs-compositeurs, qu’ils aient fait carrière ou non. Des histoires de potes, de débrouille et des rêves de gloire ont constitué ce catalogue. Il s’agissait le plus souvent de production amateur, aussi bien dans le niveau des musiciens que dans la qualité d’enregistrement, fait sur un deux pistes ou, luxe ultime, sur un 4 pistes dans sa chambre d’adolescent ou dans le salon des parents.

C’était le début du home studio, grâce à l’apparition du magnétophone à bande portable Revox. Du bricolage un peu bancal, mais, en contrepartie, le luxe de ne se fixer aucune limite : des morceaux d’une face entière, aucune censure extérieure, pas de directeur artistique, pas de manager, pas de logos Barclay ou EMI/Pathé Marconi …Quand on avait enfin son propre disque, on pouvait alors le donner ou le vendait aux amis, à la famille ou après des concerts. On pouvait aussi le déposer chez le disquaire de la ville la plus proche, avec une fierté non dissimulée. C’était aussi une carte de visite que l’on pourrait envoyer à des radios ou à des labels de musiques en caressant l’espoir de lancer sa carrière…

Bien des protagonistes de cette histoire ont essayé de signer dans des labels mais à l’époque les ponts n’étaient pas si aisés à trouver entre sa ville de province, voir son village, et la major ou le label plus pointu qui aurait pu sortir ces disques. A l’époque, les publicités publiées dans la presse par le Kiosque d’Orphée ont ouvert le champ des possibles aux compositeurs provinciaux. C’était désormais possible de faire son disque, sans avoir à passer l’examen d’une signature dans un label.

Certains des compositeurs qui ont fait carrière se sont servis de ce biais pour sortir leur premier disque ou des projets parallèles (Claude Engel, Dominique A, Andy Emler, Michel Deneuve, Claude Mairet, Mick Piellard, Tristan Mu- rail…) et parfois même des copies de travail ou promotionnelles en pressage unique ou très limités (Bernard Parmegiani, Jef Gilson…).

Cet album est la conclusion d’une longue enquête, commencée il y a six ans. Un travail de longue haleine pour retrouver les disques, éparpillés un peu partout, chez des collectionneurs et parfois chez les musiciens eux-même, puis les écouter, parfois péniblement, pour dénicher ces moments de grâce.

De ce travail, il reste 23 morceaux, mais il y en a des dizaines d’autres qui auraient pu s’y retrouver, il a fallu choisir et le choix se devait d’être le plus universel possible. Cette sélection n’est évidemment pas objective, mais j’espère qu’elle vous plaira.

Aujourd’hui reste la musique brute, touchante et puissante.

Sacha Sieff

KIOSQUE D'ORPHEE: UNE EPOPEE DE L'AUTOPRODUCTION EN FRANCE 1973 / 1991

V/A - KIOSQUE D'ORPHEE: UNE EPOPEE DE L'AUTOPRODUCTION EN FRANCE 1973 / 1991 - LP

27,90

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