Description
BIO :
Avec Suave Bruta, la contrebassiste et chanteuse franco-colombienne Ëda Diaz présente son premier album, onze titres combinant rythmes traditionnels sud-américains et expérimentations électroniques ultra-créatives. A mi-chemin entre une carte astrale poétique et un pont express sur l’Atlantique, Suave Bruta propose une expérience unique.
Douce ou indomptable ? Organique ou électronique ? Euros ou pesos ? Ne pas choisir, c’est encore choisir : Ëda Diaz le sait car elle veut tout, et ne s’en excuse pas !
Avec Suave Bruta, la musicienne opère une authentique réconciliation des différentes parties de son identité, des fragments riches et complémentaires qu’elle a longtemps pris pour des contraires. Française par sa mère, colombienne par son père, Éléonore Diaz Arbelaez a tôt fait d’apprendre à jongler entre les langues, les cultures, les rythmes et les manières de pratiquer la musique grâce à de nombreux allers- retours entre Paris et Medellín. Exemple : pendant plus de quinze ans, Ëda Diaz s’applique sagement au piano classique au Conservatoire de Boulogne- Billancourt. Mais chaque été, au son du tiple et des petits verres d’aguardiente qu’on entrechoque dans le patio de la maison familiale à Medellín, sa grand-mère lui transmet la fougue des tangos de Carlos Gardel, le romantisme des boléros, la liesse des bambucos et tout un répertoire de chants populaires issus des grandes traditions de la musique sud-américaine. Dès lors, réunir les deux continents devient l’obsession d’Ëda Diaz. Mais comment faire ? Comment se situer ? Comment être soi-même ? Puisqu’elle ne se sent ni l’âme d’une concertiste ni celle d’une folkloriste, Ëda Diaz se met alors au rock psyché ! Un pas de côté qui lui permet de se libérer de ses complexes académiques, d’écrire ses premiers textes et de trouver sa voix. La véritable épiphanie, enfin, prendra la forme d’une contrebasse, une évidence pour Ëda Diaz que son padre a biberonné aux plus beaux tumbaos de la salsa. En boucle à la maison : Buena Vista Social Club, Omara Portuondo et Joe Arroyo, le plus charismatique de tous les chanteurs de salsa colombiens. L’un de ses grands classiques, ‘Suave Bruta’, donne d’ailleurs son nom au premier album d’Ëda Diaz, désormais en paix avec son héritage, son identité, ses goûts et son époque.
A mi-chemin entre une carte astrale poétique et un pont express au-dessus de l’Atlantique, Suave Bruta propose donc une expérience unique.
Son architecture d’abord. Valletano, bullerengue, danzón, valse équatorienne, currulao ou bolero… Chacun de ces rythmes emblématiques du continent sud-américain constitue la matière première et le point de départ du répertoire de Suave Bruta. Cependant, Ëda Diaz leur offre une toute nouvelle peau avec le concours du producteur Anthony Winzenrieth (3somesisters, Aurus…) qui l’accompagne depuis la fabrication de son premier EP en 2017. Fidèle à leur approche électroacoustique et expérimentale, ici les deux iconoclastes s’appuient sur la contrebasse modifiée d’Ëda Diaz, un instrumentarium sur-mesure (guitares, claviers, synthétiseurs, claves, tambor alegre, bombo colombien, planche de bois) ainsi qu’une banque de samples artisanale qui emprunte d’une part au réel (samples d’oiseaux, mouches, chauve-souris, hiboux, salon de coiffure, archives documentaires) et de l’autre à des œuvres chères à la chanteuse (samples de tambours bata, clarinettes, violons, accordéons, pianos). Ainsi Ëda Diaz convie-t-elle le génie tutélaire du maestro colombien Rafael Escalona (“Tiemblas”), du légendaire tanguero Carlos Gardel (“Nenita”), du chanteur équatorien Julio Jaramillo (“Lo Dudo”), de l’arrangeur star Lucho Bermúdez (“Sábana Y Banano”)… mais aussi des sœurs Goadec, ici pregoneras salsa tout à fait sorcières (“Al Pelo”) en clin d’œil à ses racines bretonnes ! D’un morceau à l’autre, par le truchement d’expérimentations électroniques qui évoquent par endroits les univers de Björk, James Blake ou Juana Molina, Ëda Diaz déploie son savoir-faire de laborantine pour réunir les pièces de son puzzle et se célébrer enfin — y compris son grain de folie sur le fiévreux “Tutandé”. Mais ces frottements entre les dimensions et les textures du son permettent aussi à Ëda Diaz de poser les fondations d’un vaste continent poétique. Les onze titres en clair-obscur de Suave Bruta témoignent du cheminement, des oracles et des interrogations d’Ëda Diaz qui chante ici l’amour, la mort, la filiation, les affres du monde moderne, la lumière et l’intuition. Nourrie de longue date par les œuvres d’Octavio Paz, Pablo Neruda ou Gabriel García Márquez, la musicienne rend hommage dans ses textes aux traditions poétiques du continent sud-américain et notamment à ses structures classiques — les fameuses décimas. Les boléros par ailleurs, sommets de poésie, de romantisme et de mélancolie, soufflent au répertoire de Suave Bruta un autre de ses principes actifs. Le résultat ? Une œuvre obsédante qui s’autorise la joie, le spleen, le jeu et la contemplation.
Après s’être produite au Mexique, en Colombie, à Tenerife, à Cuba et sur des scènes hexagonales reconnues (Festival Chorus, New Morning, MAMA Convention, Festival Villes des Musiques du Monde, Festival MAAD, Le Tamanoir, FGO Barbara, L’Alhambra)… La chanteuse a résolument trouvé la bonne formule, et ses récentes collaborations avec la Dame Blanche en session KEXP, Ladaniva et La Chica le confirment : sur scène comme chez elle, en live, Ëda Diaz hypnotise. Pour l’accompagner, elle fait appel à Climène Zarkan (chœurs, clavier, pad), Anthony Winzenrieth (guitare, clavier) et Baptiste de Chabaneix (percussions, pad). Et bien que Suave Bruta soit un disque très produit, rien n’est figé et tout est possible, car ce qui compte le plus pour Ëda Diaz, c’est d’abord l’alchimie collective, la rencontre et l’émotion, l’énergie du réel, la puissance magique de l’instant.
Jeanne Lacaille