Description
New York, fin des années 70. Rues délabrées et crades, pauvreté visible, édifices abandonnés. Une drôle de sensation semble émerger d’une ville qui a radicalement changé depuis. Le libéralisme outrancier a en effet « nettoyé » et aseptisé la Grande Pomme.
Alors que le chaos et le danger sont palpables à cette époque, de jeunes gens occupent des squats, créent des communautés artistiques, forment des groupes de musique ou filment alors qu’ils ne savent parfois jouer d’aucun instrument et encore moins filmer. Mais ils apprennent sur le tas, s’entraident, s’inspirent des artistes d’autrefois tout en apportant leur touche personnelle.
Le mouvement No Wave et le Punk ont fait leur apparition à ce moment-là. Ils transpirent l’urgence, font éclater la rage et la difficulté de vivre dans une ville-monde où des millions d’anonymes trainent leurs guêtres.
La scène musicale new-yorkaise explose. Les Talking Heads, Television, Blondie, Patti Smith, les Ramones ou encore Richard Hell, occupent des clubs devenus cultes tels que le CBGB ou le Max Kansas City où ils « s’expriment » parfois plus qu’ils ne jouent réellement de la musique. Point de virtuosité, de recherche de la performance ou d’esprit de compétition. La scène est partagée et laisse dérouler librement un foisonnement d’imaginaires. Tout peut arriver dans une célébration permanente de l’instant présent. Qui de mieux que Suicide pour représenter ces instants foutraques à la fois glaçants et jubilatoires ?
Ce duo d’ « enfants de la rue » comme ils se considèrent eux-mêmes, formé d’Alan Vega et de Martin Rev, fût plutôt haï et souvent conspué à cette époque.
Martin Rev restait impassible lors des moments de tension. Grosses lunettes noires collées aux yeux, concentré sur son « Instrument » comme il l’appelait (une sorte d’hybride synthé/boîte à rythme/pédales d’effets), il diffusait ses boucles hypnotiques et sa rythmique néo-gothique au public, qui devait accepter ou parfois subir ces sons et bruits d’outre-monde dans une sorte de communion aux allures macabres.
Leurs deux premiers albums (deux échecs commerciaux) sont devenus cultes tardivement. Peut-être fallait-il attendre que la société évolue et s’habitue à cette musique. Souvent considérés comme précurseurs de l’électro et du punk, des groupes continuent encore aujourd’hui à se réclamer d’eux.
Le premier album, peut-être le plus réussi, est à la fois effrayant et fascinant. Composé de seulement 7 titres pour 32 minutes de musique au total, c’est un disque radical qui hante longtemps après l’écoute.