Description
BIO :
Alors qu’il n’est encore qu’un jeune adolescent au jeu de batterie perfectionné aux côtés du bienveillant Kenny Clarke, le Club Saint-Germain aime présenter Jacques Thollot comme un prodige capable de croiser le fer avec les grands noms du jazz de passage à Paris. Sur place, Eric Dolphy le repère immédiatement, et de René Thomas à Walt Dickerson, l’on s’arrache ses services. Mais au fil des années 1960, c’est avec Jef Gilson d’abord, puis François Tusques, Barney Wilen, Joachim Kühn et Steve Lacy, que les rencontres déterminantes ont lieu. Sans oublier son intégration dès 1968 à l’un des orchestres de Don Cherry, qu’il suit en tournée pour en revenir métamorphosé.
Cependant, présenter Jacques Thollot comme un instrumentiste virtuose tout-terrain et très demandé, ne dit rien de ses exigences artistiques de compositeur, ni de sa liberté sans frontières stylistiques. Pour preuve, alors que des collaborations à des albums cultes figurent déjà à son palmarès (Our Meanings And Our Feelings de Michel Portal, Monkey-Pockie-Boo de Sonny Sharrock), son premier disque réalisé en 1971 sous son seul nom, et sous la houlette du producteur Gérard Terronès qui lui laisse carte blanche, se révèle être, de manière inattendue, une oeuvre inclassable et foudroyante.
Intitulée Quand le son devient aigu, jeter la girafe à la mer, celle-ci se présente comme un collage sonore peu commun, confectionné à partir de re-recordings discrets ne sollicitant qu’une poignée d’instruments dont une batterie et un piano. Miracle, en visant à l’économie des moyens, ce mode de production réussit à magnifier des compositions étrangement tarabiscotées et au diapason d’un titre énigmatique mais bien choisi : emprunté au poète Henri Michaux, il traduit sous forme de mots les mystères d’un univers mélancolique et fragile, à rapprocher d’un autre grand disque de batteur iconoclaste : The End Of An Ear de Robert Wyatt.
À cette différence près que, chez le Français, brille quelque chose d’éminemment personnel, vraisemblablement hérité d’écoutes assidues des classiques Debussy, Ravel et Barraqué (qu’il a côtoyé), veine que prolongent par la suite les non moins géniaux Watch Devil Go et Cinq Hops. Certes, Jacques Thollot a peu enregistré sous son seul nom (cinq disques de son vivant), mais quelles merveilles !