Description
BIO :
Et pas seulement parce qu’il a été surnommé « Black Moses », mais aussi parce qu’il a fait entrer la soul music dans une nouvelle dimension. « Hot buttered soul » est un disque hors-norme, qui fait évoluer et redéfinit un genre. Tout dans ce disque est démesuré, à commencer par la longueur des titres, assez inhabituelle dans la musique soul. Quatre titres, deux par face sur le vinyle original de 1969, pour une durée totale de trois quarts d’heure … Avec une pochette totalement novatrice. Photo (en plongée sur la tête de Hayes) sur laquelle apparaissent tous les codes qui seront récupérés par les rappeurs, et notamment ceux du gangsta rap (le crâne rasé, le torse nu, les lunettes noires, le gigantesque collier en or).
Quand ce disque paraît, Hayes est un inconnu à peu près total. Mais pas un débutant pour autant, il est employé chez Stax en tant que musicien occasionnel et compositeur, souvent associé à David Porter (ce sont eux qui ont signé « Soul Man » pour Sam & Dave). Isaac Hayes enregistre avec les nouveaux Bar-Kays, un des groupes maison du label Stax, la formation originale ayant été en grande partie décimée dans le crash aérien qui coûta également la vie à Otis Redding. Curieusement Hayes, pourvoyeur de chansons pour les autres, ne cosigne qu’un seul des titres du disque.
« Hot buttered soul » débute par une merveilleuse version de « Walk on by » le classique de Burt Bacharach et Hal David, popularisé par Dionne Warwick. Et cette ballade triste de rupture devient, mise en scène par Hayes, un soft funk, long appel à l’étreinte amoureuse, tout en lascivité érotique. Avec des arrangements, notamment force violons, qui préfigurent le Philly Sound du milieu des seventies.
« Hyperbolic … » avec son imprononçable intitulé qui n’en finit pas déroule un groove lourd et répétitif, rythmé par la guitare wah-wah et des accords de piano martelés…
« One woman » est le titre le plus court et le plus « classique » du disque, une magnifique roucoulade soul chantée par la voix grave et lente de Hayes. Le genre de morceau qui donnera des idées à Barry White pour son Love Unlimited Orchestra ou sa carrière solo …
Hayes a gardé le plus fou pour la fin … une reprise de près de vingt minutes de « By the time I get to Phoenix », à l’origine un petit hit country. De country il n’est ici plus question … une très longue intro parlée sur un bourdonnement menaçant (de Hammond ?) raconte l’histoire du héros de la chanson avant le premier couplet. La partie instrumentale du titre est une soul soyeuse au début, qui mue imperceptiblement en un crescendo époustouflant …
Sur certaines rééditions, on trouve en bonus les versions courtes de « Walk on by » et « By the time », certes intéressantes, mais bien en dessous de la démesure des versions « longues » originales. « Hot buttered soul » sera un petit succès lors de sa sortie. Il fera tout de même croître l’audience de Isaac Hayes dans le milieu musical, avant qu’il obtienne deux ans plus tard un Oscar et des chiffres de vente beaucoup plus conséquents pour la B.O. de « Shaft ». (Source Lester Ganbangs)
