Description
BIO:
Usé sort aujourd’hui un album sur Born Bad, Chien de la casse. Sur la pochette, un van poussiéreux dans le demi-jour d’église d’une grange abandonnée, et des clébards résidents rassemblés à la hâte : rien n’est inventé. Pourtant, les couleurs sont chaudes, l’ambiance est détendue. Pas de misérabilisme. On envie presque celui qui, au centre de l’image, a la chance de se livrer quotidiennement à cette joie enfantine qui consiste à taper le plus fort possible, sur n’importe quoi, dans un lieu vierge au milieu des animaux. La musique d’Usé ressemble à cette free-party que l’on a cherché dans une nuit épaisse comme du goudron, au cœur de la forêt, en se fiant au grondement sourd qui semblait émaner du sol : sauvage et agressive, mais aussi familiale, accueillante, touchante dans son dépouillement. Plaisir d’abdiquer devant la toute-puissance de la transe, jouissance régressive des tambours qui foutent le bronx, ritournelles légères, entêtantes, textes rythmiques comme un poème Dada : tant pis pour demain, quand il fera jour, car tout ici tremble d’une excitation qui ressemble à la vie, et que l’on ne trouvera pas ailleurs.
Il y a sept titres sur Chien de la casse, dûment introduits par les grognements mauvais d’un bâtard ivre de haine, probable cerbère d’une caravane de dealer de meth dans l’Indiana. Sur six morceaux, Usé semble écrire une ode aux entrées par effraction dans les décharges pour aller cogner sur des bidons rouillés jusqu’à les crever. Seule « Sous mes draps » relève de la comptine triste, mais quitte toutefois les terres du réalisme social pour les hauteurs brumeuses du film d’horreur de fête foraine. « C’est si lisse » conclut l’album sur une alarme à incendie et des aboiements humains, dans une ambiance de messe noire saturée de backward tapes : le rêve prend fin dans le chaos, c’est bientôt le jour. La vraie violence commence. On se voit au squat’ la semaine prochaine.